dimanche 20 janvier 2008

Stratégie payante sur cabanac.

Vendredi 05 Octobre 2007, 7h00 !

Matthieu est déjà arrivé alors que, pour ma part, je suis à peine levé. Hé oui... Jamais en retard pour une partie de pêche, il est alors, je crois, encore plus excité que moi à l'idée de combattre ces nouvelles adversaires Lotoises.

Pourtant, nous sommes sûrement plus fatigués qu'à l'habitude car, cela fait maintenant plus de trois semaines que nous préparons cette session. A l'occasion, Sandrine a d'ailleurs généreusement cuit et broyé près de quinze kilos de tiger nuts : "Vous avez interêt à tout utiliser sinon je vous fait bouffer le reste" (Ha... la patience des femmes enceintes !).

Finalement, il est temps de partir. Le break archi plein de Matthieu muni, pour l'occasion, du coffre de toit, a bien du mal à passer le portail surélevé. Le GPS nous annonce alors, près de sept heures de route pour arriver au camping du lac. Après un premier arrêt café et un deuxième plutôt "entrecôte" afin de savourer notre dernier repas dit "équilibré" (avant l'entâme d'une semaine de plats préparés), nous arrivons vers 14h00 à notre destination.

Au camping, seule Françoise est présente: "la pêche est très difficile depuis l'enduro", nous signale t'elle ; "seul un poisson a été pêché depuis le début de la semaine sur le secteur de Cabanac. D'ailleurs, quelques courageux pêcheurs d'outre-manche sont capots depuis plus d'une semaine aux peupliers".
Malgré ces quelques informations peu encourageantes, nous décidons de rester sur la baie car de gros orages sont en train de monter dans notre direction et le niveau d'eau risque donc de remonter dans la nuit.

Les spots clefs étant déjà pris, nous optons pour un poste qui a réussi à faire du poisson durant l'enduro. Ce poste est souvent occupé vu les nombreuses poubelles laissées par les pêcheurs ! Hé oui... Ne nous mentons pas ; tant que nous, carpistes, continueront de salir les berges de cette façon, la PDN n'est pas prête d'ouvrir sur l'ensemble du domaine public.

Côté pêche, l'ancien lit du Lot approchant les 8 m de fond se situe à environ deux mètres de notre bordure puis, remonte tranquilement sur une centaine de mètres pour atteindre un haut fond envasé de soixante centimètres.

Nous avons à peine le temps d'installer le bivie que l'orage vient de nous rattrapper et mettre en "standby" une bonne partie de notre après-midi. La pluis diminuant enfin, nous disposons les cannes de façon à pêcher à toutes les profondeurs et ainsi, nous permettre d'aborder une stratégie payante à partir du lendemain.

La première ligne est posée à moins de 2 m de notre bordure, à l'entrée d'une mini baie. Quelques poissons, de taille moyenne, commencent à sauter ( la pluie ayant sûrement ouvert l'appétit de nos chers cyprins !). Or, comme vous le savez tous, lorsque les carpes sautent à Cabanac sur votre poste , il faut en profiter et vite ! Matthieu pose donc la troisième canne sur le rod pod quand un départ ultra violent nous ramène à la réalité. Je récupère la canne de justesse avant qu'elle ne suive ma combattante. Un premier beau combat s'en suit et une petite linéaire de 9.3 kg nous récompense.

Nous sommes le premier jour et seulement après 30 min de pêche, nous sommes déjà sorti du capot. Si la nuit continue à ce rythme là, cette session promet d'être vraiment terrible.

Hé bien... pas du tout ! Ce sera le seul poisson que nous ferons cette nuit là !

Au petit matin, tous les pêcheurs situés en amont sur la baie de Lous abandonnent la partie. Il fait un grand soleil et nous prenons le temps d'observer la surface. Toute la nuit durant, nous avons entendu des sauts, un peu plus en amont et le ballet, concentré sur à peine un hectare, commence à nous faire perdre patience. Il faut qu'on bouge !

Nous déplaçons donc tout le matos en bateau en un temps record. En effet, une fois libérés, les postes s'avèrent rapidement repris sur Cabanac. En passant en bateau sur la zone propice, nous découvrons plusieurs carpes en surface et de belles tailles ! Il est 12h00, nous prenons le temps de savourer notre repas en observant l'activité. Plusieurs sauts au fond d'une couarde nous intriguent de plus en plus. Est-ce des sauts de poissons blancs ou des marsouinages ? Il est temps d'élaborer un nouvelle stratégie. La pêche proche du lit de la rivière n'ayant donné que de piètres résultats, nous pêcherons,cette nuit, différemment.

Avant de poser les lignes, je convaincs Mattieu d'aller explorer cette mystérieuse couarde. Pour y accéder, il faut passer un haud fond ou l'écho indique seulement 0.2 m de fond. Je suis obligé de me positionner tout à l'avant du pneumatique pour éviter que le bateau ne frotte ou que l'hélice s'abîme sur le fond. Cet obstacle passé, une légère pente nous ramène à des profondeurs plus singulières autour de 0.6 m. Et là... nous découvrons d'énormes cratères dans la vase ! C'est un véritable champs de mines ! "Regarde!!!" Je me retourne. Matt me montre du doigt un épais nuage de vase suivi d'une belle commune qui n'a pas apprécié le dérangement. "C'est ici qu'il faut tendre les lignes". "On y arrivera pas, ce n'est pas la peine, avec ce haut fond les hélices nous détruiront les lignes à chacun de nos passages". Il ne m'a alors fallu que le temps du trajet retour pour faire changer d'avis Matthieu !

La pose des lignes fut fastidieuse mais finalement à 15h00, toutes étaient posées.

Une première ligne était donc sur la bordure, alors que deux autres, rejoignaient la zone d'une profondeur de 1m10 où s'était concentré le ballet aquatique le matin même. Une 4ème canne se trouvait dans le lit et une 5ème dans la cassure de celui-ci. La 6ème ligne fut posée au niveau de la pointe aux cygnes et enfin les 2 dernières, furent délicatement posées dans un cratère derrière le haut fond dans 50 cm d'eau et de vase. Au passage du haut fond, les fils se trouvaient entre un tambour de machine à laver et un énorme tronc d'arbre !! Nous n'avions pas le choix, il allait falloir être extrêmement vigileant si jamais un rush venait à se produire !

Sur la berge, nous disposons des backs leads sur chacune des lignes contraignant celles-ci à reposer sur la vase du haut fond. En amorçage, une ligne sur deux est eschée de noix tigrées équilibrées posés sur un tapis de graines broyées et les autres lignes sont eschées de bouillettes maisons équilibrées.

16h30, un des détecteurs à Matt hurle.

Le poisson a mordu sur une bouillette derrière le haut fond.

Canne en main, Matthieu est obligé d'attendre qu'on puisse s'approcher de la zone avant de ferrer. Les obstacles passés brillamment (si, si, c'est vrai !), le combat peut alors commencer. Le poisson n'a pas envie de se rendre et offre de jolis rushs. Le peu de profondeur handicape cependant son énergie et c'est avec "assez de facilités" que nous épuisons cette superbe commune. Le constat est sans surprise : Matthieu vient de pêcher son premier poisson de +15 kg et en plus, c'est une commune ! Sur la berge, la pesée confirme notre estimation : 17.3 kg tout en long. Nous explosons de joie. Qui aurait pu croire que ce spot offrait de si belles sauvageonnes? Une fois le poisson photographié puis relâché dans son élément, le ligne est rapidement remise en place.

18h30, nouveau départ !

Maintenant, c'est la canne posée dans la zone intermédiaire à 1.10m qui part. Une nouvelle commune de 12.9 kg, qui a succombé aux bouillettes, rejoint l'épuisette. L'activité est bien présente et... pour le moment, nous seuls en profitons !

Il est maintenant 20h30. Nous buvons un bon café chaud en écoutant l'hymne national de la France à la radio. C'est effectivement le plus grand match de rugby de la coupe du monde qui s'annonce : France/Nouvelle Zélande. Les pauvres all-blacks n'ont pas même le temps de terminer leur hymne, qu'un détecteur décide de couper court leur fameux Hakka !

Nouveau combat en perspective sur une canne posée derrière le haut fond. Malgré l'obscurité, nous passons les obstacles sans trop de difficultés. Matthieu maîtrise le combat avec sang froid, et on gagne le match. Verdict: 15 kg de muscles. Deuxième gros poisson et victoire de la France. La soirée est parfaite !

Deuxième matinée, le réveil est difficile. La nuit passée nous a offert 3 autres poissons dont les poids atteignent respectivement 12.9 kg, 14kg et 14.6 kg. Notre stratégie s'avère donc payante. Aucun poisson n'a cependant été pris près du lit. Toutes les carpes ont été prises dans des zones peu profondes et sur du substrat mou laissant sur leur passage de belles traces de leur groin.

Il nous reste encore assez de force pour immortaliser cette inoubliable nuit en photo.

La journée, il fait extrêmement chaud et le niveau de l'eau descend. Les sauts de carpes ont cessés et seule une bonne douche nous redonne de l'énergie pour attaquer la soirée. Au camping, nous apprenons que nous sommes les seuls à avoir fait du poisson. Les autres pêcheurs sont tous capots. Nous savourons donc cette différence mais relativisons tout de même... si nous avions pêché la baie de Cabanac comme elle se pêche traditionnellement, nous serions nous aussi capots ! Donc... Coup de poker gagnant pour le moment !

Nous abordons la troisième nuit sereinement.

Les lignes ont toutes été déposées sur les zones "propices" laissant de côté le lit et ses bordures. Nous ne ferons que deux départs cette nuit là : une belle qui décroche et un dernier poisson de 15.5 kg.

Ainsi, nous avons profité du meilleur de ce que le lac pouvait nous offrir en cette période : 8 poissons dont 3 de +15 kg et une moyenne générale proche des 14 kg .

Nous décidons donc de stopper la pêche sur la baie pour tenter un nouveau lieu mythique : la rivière Lot et ses poissons aux combats impressionants.