jeudi 14 mai 2009

retour sur la poitevinière

Pêcheurs de carpes, pêcheurs de rêve.... Nous avons chacun une philosophie de pêche différente: les uns préfèrent le spécimen hunting, d'autres pêchent exclusivement sur le public, d'autres le privé ou encore certains fréquentent les enduros. Mais aussi différents que nous sommes, nous avons tous et sans exception un point commun: nous sommes des chasseurs de souvenirs. Le souvenir d'une pêche mémorable ou les records sont tombés, les pêches galères ou s'accumulent sans comprendre les emmerdes, les parties de pêche entre amis ou une pêche très difficile ou la stratégie mise en place fonctionne à merveille.....
Aujourd'hui encore, une session m'a marquée considérablement.


Mi-novembre 2006, j'ai un week end pêche de prévu mais hésite quant à la destination. Depuis plusieurs temps, je me tâte d'aller affronter un magnifique plan d'eau du grand ouest, le site de la Poitevinière. A cette époque, le plan d'eau était géré par et pour les Holandais, les postes intéressants devant être absolument réserver 6 mois à l'avance et pour une semaine . Pour les pêcheurs locaux, seuls trois postes sur 28 (et non les meilleurs) étaient disponibles sans réservation pour un week-end.



Hésitant, je tente d'appeler dans le pays du Gouda pour réserver un autre poste plus intéressant. Coup de bol, le site organise un enduro pour une grosse team Holandaise qui s'arrête le samedi matin. Ayant réservés jusqu'au samedi, le lac est deserté cette nuit là. Je décide donc de prendre mon lundi et réserve le poste 26 au plus prêt de la réserve. J'arrive le samedi midi et je me retrouve alors seul sur le plan d'eau pour la nuit; inimaginable quand on connait la fréquentation du lieu. Les Holandais ont quitté les lieux en bennant tout le reste des appâts dans le lac afin d'alléger leur véhicule pour le retour je pense (lol), la pêche va rester tout de même très hasardeuse. Je pense alors que les poissons se sont réfugiés dans la réserve pour être plus tranquilles. Le poste se situe donc sur la rive du château, sur une avancée et donne directement sur la réserve. A l'arrivée, je suis surpris par la concentration d'oiseaux sur le lac: canards, foulques,poules d'eau, grêbes ou encore mouettes.


Sans une minute à perdre, j'expédie rapidement l'installation du campement malgré un emplacement trois étoiles et me concentre sur ma pêche. Je pêcherai uniquement en direction de la réserve, le plus éloigné possible du poste. Pour cela j'utilise des waders et n'hésite pas à avancer sur une cinquantaine de mètres dans l'eau pour approche rau plus prêt de la réserve. Chaque montage est eschée d'une bouillette fusion Mainline, le must à l'époque pour faire la différence sur les plans d'eau surpêchés. L'amorçage est beaucoup plus compliqué: la concentration d'oiseaux que j'admirai un instant, se jette habilement sur chaque bouillette qui ont à peine le temps de toucher l'eau sans être becquetée. Se déroule alors un combat inutile où caché derrière les fourrés, j'essaie de déposer quelques appâts de plus. Au bout de trois lancés, les mouettes sont déjà sur le coup. Impressionant.

La soirée tombe et les mouettes jettent leur dévolu sur une autre partie du lac. Je peux maintenant amorcé tranquillement. En tout cas c'est ce que je croie car maintenant près d'une cinquantaine de poules d'eau et foulques se mettent à plonger et piquer les appâts juste frais. J'obtiens même quelques touches d'oiseau qui déplacent la bouillette eschée. Enfin ces indésirables se calment et je peux enfin profiter de la nuit calme. Même trop calme d'ailleurs car les détecteurs resteront muets toute la nuit. La journée du dimanche est largement ensoleillé et une séance de bronzage est improvisée sur le ponton. La pêche se fait rarement de journée et je décide de me faire oublier et laisser les lignes en place jusqu'à la tombée de la nuit pour éviter d'attirer les oiseaux. En soirée, le ciel se découvre et j'assiste au coucher de soleil le plus magique de ma jeune existence. Le ciel, d'un rouge vivifiant jette son ombre sur l'étendue d'eau et à ce moment là , je vous jure qu'on ne pense plus à la pêche: simplement de profiter de ce moment magique. Hélas, ce coucher est éphémère et laisse maintenant place à la nuit noire. La discrétion de la journée paye et les oiseaux sont partis explorer le reste des 80 hectares qu'offre
la Poitevinière.


Je relance donc les cannes et amorce plus copieusement chaque montage. La douceur de la nuit m'emporte rapidement quand un détecteur sonne sans intérruption. Il est minuit, j'enfile en deux secondes mes waders, sprinte comme jamais pour atteindre les 30 m qui me séparent de la canne, jette l'épuisette à l'eau, empoigne la canne et ferre. Le poisson est au bout. Je descend et décide de combattre dans l'eau. Je prend le temps de fatiguer le poisson car le poste n'est pas du tout encombré: un pente douce et régulière de sable et vase. Quelques minutes de plus et enfin le poisson rentre dans l'épuisette. Une belle miroire d'une douzaine de kilos à la robe sombre se retrouve dans le sac de conservation pour attendre son heure de gloire le lendemain matin. Je relance la canne, réamorce mais le reste de la nuit sera des plus calmes. Au petit matin, c'est avec grande surprise que je retrouve la ligne complètement déplacée en proximité de la berge. Un départ s'est produit sans aucune tirée et sans la moindre détection du matériel. Navrant... .
J'immortalise ma vaillante et il est temps pour moi de rentrer car je travaille l'après midi.


Par la pêche, nous cherchons à créer des souvenirs mémorables. Cette session là est pour moi inoubliable, non par la pêche en elle même, mais pour l'ambiance et le don que la nature a pu m'offrir ce soir de novembre par ce coucher de soleil unique alors que j'étais le seul à pouvoir en profiter cette soirée là. Magique....

dimanche 8 février 2009

frustration d'une pêche réussie

Début septembre, l'été a été plus que maussade en Vendée sans une seule journée sans passage dépressif. Côté pêche, nous sommes plus ou moins en standby avec quelques soirées et poissons pêchés au bord du barrage de Moulin Papon. Il est grand temps pour nous de reprendre le large et de vivre pendant plusieurs jours pleinement notre passion. Nous décidons donc de pêcher quatre jours sur un lac privé du centre de la France. Cela faisait trois mois que nous avions réservé le poste et deux semaines ou tous les soirs nous nous consacrions à sa préparation.


Mercredi, j'arrive sur les lieux vers 13h30 quand le propriétaire nous apprend qu'il y a une erreur dans la réservation et qu'il faudra attendre maintenant le lendemain pour que le poste soit libéré. Première frustration, autant de kilomètres et d'impatience pour perdre une journée de pêche. Le propriétaire sympathique nous permet tout de même de pêcher sur un étang plus petit, d'une dizaine d'hectares qui occupe une population de carpes plus conséquente mais avec une moyenne beaucoup plus petite. Au plein cœur d'une forêt constitué de bruyères, pins et chênes verts, le spot proposé nous permet une immersion parfaite dans la nature. De plus dès mon arrivée, plusieurs sauts successifs de carpes remplacent peu à peu la rancœur de l'arrivée par l'envie et la motivation de découvrir ce plan d'eau sauvage et son cheptel. L'étang très vaseux dont la profondeur ne dépasse pas le mètre est difficile à cerner. Entouré de pins, le fond accumule de petites branches et rend les combats incertains. Sans bateau, il est impossible d'amener le poissons à l'épuisette sans s'accrocher. L'arrivée de Matthieu un peu plus tard nous permet de tendre les lignes avant 18h00. Nous décidons de pêcher les bordures dans la tourbe et proche des roselières qui entourent le lac, le bord de l'île, une bande dure près de la berge ainsi que le lit de la rivière. Cette première nuit, les deux derniers spots nous apportent tout de même six départs avec cinq poissons à la clefs entre 5 et 8 kgs. Nous découvrons aussi pour la première fois un concert fort bruyant mais si majestueux, celui du brâme du cerf. C'est tout simplement magique voir effrayant d'entendre leur chant ou plutôt leur rugissement et cette émotion est multipliée par dix quand ceux ci s'approchent du bivie.


Jeudi 12h00, nous quittons l'étang pour occuper le poste tant attendu. Se situant au milieu d'un étang de 55ha, ce poste difficile selon les habitués est assez large avec une pêche à réaliser à près de 200 m . Enclavé entre 3 postes, les poissons sont éloignés des zones de repos et sont donc uniquement de passage. il faut donc être très discret dans la manière de tendre les lignes et d'amorcer. Ici, les gros amorçages effraient les poissons; un amorçage en assiette ou en single bait est recommandée.
Les pêcheurs en place sur le poste depuis quatre jours achèvent notre optimiste: après avoir tout essayé, ils n'ont réussi à sortir qu'un poisson lors de leur séjour. Ça ne va pas être facile.
Confiant tout de même, nous élaborons une stratégie découverte pour connaitre les types de spots, de profondeurs, et d'appâts que les carpes cherchent à cette période. Pêcher quatre jours de suite permet lorsque nous découvrons un nouveau lieu d'essayer durant les deux premiers jours plusieurs stratégies puis d'optimiser les deux derniers jours la pêche suivant les expériences vécues. Malheureusement, il nous reste seulement que trois jours de pêche. Nous pêchons avec deux sortes de bouillettes: une à base d'un mix maison très riche et huilé avec arôme et huile de saumon et la deuxième sur un mix Big Carp à base de foie. Nous partageons les bouillettes équitablement sur six cannes laissant les deux dernières eschées de tiger nuts équilibrées. La première canne est lancée à vingt mètres du bord eschée d'une bouillette maison très carnée. Deux cannes sont posées dans le lit de la rivière. Trois lignes sont déposées ensuite sur la bordure opposée et les deux dernières sur une route noyée à deux cent mètres du bord.
Nous amorçons donc très peu avec du chènevis, des noix tigrées et bouillettes broyées.


18h30. Départ timide sur une des cannes placée sur la route noyée à 70 cm de fond sur un amorçage à base de noix tigrées broyées. Nous prenons le bateau pour arriver sur la zone de combat. Au contact, le poisson décroche. L'hameçon s'est ouvert. Nous changeons le bas de ligne et retendons précisément au même endroit.
1h00, un détecteur à Matthieu arrête notre somnolence. Le départ s'est effectué sur le spot situé le plus à droite dans le lit. Avant de se rendre, le poisson offre un combat explosif malgré ses 12 kgs.
4h00 c'est maintenant un de mes détecteurs qui sonnent à tue-tête. Je prend contact avec le poisson et décide de combattre du bord. La belle rentre sans difficulté dans l'épuisette et c'est avec surprise que nous observons une commune dans les mailles du filet. Elle accuse 13.8 kgs. Pêcher une commune de cette taille n'est pas fréquent sur ce plan d'eau ou les miroires dominent considérablement. La fin de la nuit reste calme.


Vendredi matin, nous retirons les cannes: sur huit cannes posées seulement 2 restent pêchables au petit matin. Les écrevisses sont très agressives et nous obligent à gainer les appâts les plus fragiles. Une fois les lignes tendues, nous profitons d'aller se doucher pour faire le tour des postes. La nuit a été plus calme que jamais pour nos voisins.
L'après midi, un détecteur émet quelques bips entrecoupés qui nous contraint de prendre le bateau pour aller voir ce qu'il y a au bout de la ligne. Un brochet à peine maillé vient d'attaquer une bouillette au saumon. Nous libérons la prise et profitons pour retendre la ligne. Un quart d'heure plus tard, un même départ se reproduit avec à la clef un brochet de 65 cms. Nous relâchons notre copain Esox qui au passage entailla mon doigt inférieur.
Pour cette deuxième nuit, nous changeons légèrement de stratégie en privilégiant les endroits les plus profonds, c'est à dire les abords du lit. Nous avons retenu aussi un spot dans les roselières avec 0.6 m de fond où plusieurs sauts de carpes nous ont interpellé tout le long de la journée. Et ça paye! Ce spot nous offre notre premier poisson de la nuit qui avoisine les 9 kgs. Dans la première partie de la nuit, nous sortons aussi deux autres petites carpes atteignant respectivement 3 et 8.6 kg. La deuxième partie de la nuit nous offre deux jolis poissons de 12 et 13.5 kg. Tous les poissons sont piqués sur le même spot dans le lit de la rivière avec la bouillette Big carp au foie.


Samedi matin, un léger vent du Sud Est s'est installé sur le lac. Matthieu est parti discuter avec un couple de retraités anglais fort sympathique, Richard et Sheila qui pêchent ensemble plus de trois mois en france.
Un départ se produit toujours sur le même spot. Je prend le bateau et pars combattre seul . A peine arrivé sur la zone, le moteur s'arrète, une cosse étant coupée nette. Le vent me pousse vers les roselières. La lutte est difficile. Le poisson ne se rend pas et les efforts que je donne à la rame pour éviter d'échouer me font monter le taux d'adrénaline. Enfin, après quelques minutes interminables, le poisson rentre dans l'épuisette. Il faut maintenant rentrer au poste avec la carpe entre les jambes et ramer à genou face au vent. je suis exténué physiquement mais heureux. Le poisson accuse les 12.5 kgs. Une demi heure plus tard, un nouveau départ s'enchaine le long de la route noyée à plus de 200 m de distance. Matthieu étant encore parti se doucher, j'hésite à réitérer une deuxième sortie en bateau aussi burlesque et décide de ramener le poisson du bord. Et là, la chance est plutôt de mon coté, car le poisson longe la berge opposée sans se prendre dans les lignes puis décide de faire un tout droit dans mon épuisette. Une fois Matthieu revenu, nous prenons en photo cette jolie miroire de 11.5 kg avant de la remettre dans son élément.


Vers 17h00 un binôme ch'ti vient d'arriver pour occuper le poste suivant durant plus d'une semaine. A peine la première canne posée, celle ci démarre et offre à ces veinards un poisson de 19 kg. Nous sommes jalousement démoralisés.
La dernière nuit est plus difficile, le bruit et l'amorçage lourd de nos nouveaux voisins ont effrayé nos pauvres cyprins. Vers 4h00, Matthieu sort la dernière carpe, une jolie miroire de 14.2 kg piquée sur le spot de la route noyée.

Dimanche, nous sommes à l'heure du départ et donc du bilan des trois nuits passées sur ce plan d'eau: Nous réalisons une pêche plus que correcte sur un poste difficile de ce plan d'eau. Malheureusement, le poids des prises n'est pas élevé: en effet, ce lac offre un cheptel constitué d'un poisson sur trois au dessus des quinze kilos. Nous avons sorti 10 poissons et pas un seul ne dépasse cette barre fatidique. Les voisins du Nord n'ont fait qu'un poisson mais un beau et le couple d'anglais ont aussi moins de départs à leur actif mais s'offrent trois beaux poissons dont une miroire de 23 kg.
Malgré la frustration de n'avoir pêché aucun gros poisson du lac, nous avons déjà hâte de retrouver cet aire de jeu qui pour nous est sûrement l'un des plus beaux sites privés de notre pays. Le rendez vous est pris pour l'année prochaine.