vendredi 28 novembre 2008

Nos rivières délaissées de Vendée

En visionnant une vidéo il y a quelques jours, j'ai rencontré un personnage hors du commun. Cet homme m'a fait réfléchir dans mon approche de la pêche et de la nature en général.
Ce passionné, Patrick Lamaison décrit son amour pour sa rivière l'Adour. Sa rivière est toute sa vie. Ce document est une leçon de vie, le personnage est touchant et possède une approche inaliénable de la pêche et de la nature qui l'entoure. Je ne vous en dis pas plus car je ne saurais pas le faire mieux que lui et vous laisse le découvrir: vous pourrez visionner ces deux documents sur Dailymotion:
"Mon amour, l'adour"
"Comme un poisson dans l'eau"
Parce que j'éprouve beaucoup de respect pour ce grand monsieur, je voudrais sans aucune prétention lui rendre hommage à travers cet article :


Dans ses yeux, on retrouve le respect et l'amour du poisson pêché

Nous avons tous à proximité de chez nous une petite rivière de petite à moyenne taille. Souvent inexploitée par les pêcheurs, elle l'est encore plus délaissée par les carpistes. Bien évidemment, j'en fais partie.

Notre département de la Vendée est reconnu en France pour sa richesse halieutique.
La première richesse piscicole vendéenne vient des nombreux lacs de barrage construits pour la distribution d'eau potable de 1960 à 2000. Pour la pêche de la carpe, Mervent, le Jaunay, Apremont, la Bultière, le Marillet, Rochereau, Moulin-Papon sont désormais des sites incontournables. Une autre particularité, la plupart des communes possèdent un ou plusieurs étangs gérés par l'association locale de pêche. Plus accessibles, ces petits étangs permettent à une seconde catégorie de pêcheurs souvent occasionnels de pouvoir pratiquer leur loisir à moindre coût. Pour la pêche de nos cyprins, il existe principalement trois privés qui se partagent le marché: la Tricherie, Le domaine de la Malonne et le parc Soubise. J'ai une petite préférence pour le dernier pour son cheptel et la beauté des lieux.


la Sèvre Nantaise

Enfin, la Vendée recèle de nombreuses rivières qui alimentent les lacs de barrage: la sèvre Niortaise, la Sèvre nantaise, la Vendée, leLay, la Vie.

La dernière citée est celle que je connais le mieux. La Vie se trouve dans l'ouest de la Vendée. Ce cours d'eau long de 62,2 km prend sa source aux environs de Belleville sur Vie et vient se jeter dans l'océan au niveau de St Gilles sur Vie. La partie qui nous intéresse se situe entre le barrage des vallées et le lac de barrage d'Apremont. D'une largeur moyenne de dix à vingt mètres, le débit est assez faible permettant une pêche aisée en dehors des période de crue. Cette rivière devient d'année en année de plus en plus encombrée, les tempêtes successives laissant derrière elles d'innombrables branches et arbres entiers s'accaparer du lit.


coin magique de la Vie

Sur certains biefs, il en devient même très critique de circuler en barque. Les bordures souvent inaccessibles rendent cette rivière difficile d'accès. Seuls quelques passages en guise d'abreuvoir à vache permettent d'accoster et de pêcher avec le minimum de confort. Il est fini le temps ou les riverains entretenaient les berges de leurs terrains. Ces anciens qui avaient pour la rivière une estime considérable ne sont maintenant plus là pour l'entretenir. Les nouveaux riverains à 90% du monde agricole ne prennent plus le temps de s'en occuper. Je ne leur jette en aucun cas la pierre, car le rythme de vie a considérablement changé et les centres d'intérêts guidés par le peu de temps qui leur reste sont du même coup différents de leurs pères.

Malgré tout, la rivière devient de plus en plus sauvage et de plus en plus mystérieuse par la même occasion. La pêche n'en reste pas moins plus attrayante. La faune est omniprésente sur le secteur. Attention tout de même aux nombreux ragondins qui ont colonisé de façon massive les bordures du lieu.


Côté pêche, la Vie comprend un cheptel assez bien représenté en carpes suivant les biefs avec des poids variants de 3 à une dizaine de kilos. Ne vous attendez pas à sortir des bœufs, car même si les plus gros sujets doivent approcher les quinze kilos, les sortir de leur habitat si encombré relève de l'exploit. Ici, la pêche prend toute sa dimension dans la sportivité des combats, la faune environnante et la tranquillité des lieux. Malgré une pression de pêche quasi inexistante, la pêche est assez difficile. Une bonne majorité du cheptel est composée de communes longilignes qui circulent sur la longueur du bief. Pour les intercepter, il vaut mieux préparer son coup en avance en amorçant à la graine et incorporer petit à petit les bouillettes.
Sortir un poisson vierge de tout contact humain donne un plaisir immense à qui sait encore l'apprécier. Le dernier tiers, les miroires se retrouvent sur des secteurs bien définis. Les carpes répondent bien aux billes. Attention tout de même aux écrevisses et poissons chats qui dévorent en peu de temps nos appâts.


Comme il n'existe pas de secteur de nuit, la pêche de journée reste évidente. La pêche se fait souvent sur les bordures même si le lit nous a offert quelques départs. N'hésitez pas à pêcher très proche des obstacles si possible. les nénuphars restent aussi un aimant à carpe.
Un corps de ligne en nylon 40% est nécessaire, les bas de lignes en fluro sont à proscrire, la tresse utilisant ici toute ses qualités. Pêcher avec deux cannes courtes suffit amplement et permet surtout d'avoir assez d'accès pour travailler le poisson et l'épuiser. Les départs sont d'une rare violence: pas besoin d'indicateur de touche à revenir car les poissons se réfugient directement vers la berge. Un conseil: rester au cul des cannes, frein fermé, ferrer le poisson dès la touche et bloquer celui ci avant qu'il rejoigne l'obstacle le plus proche.

Nous avons perdu beaucoup de poissons lors des combats: dans cette rivière, en perdre fait partie du jeu, d'ailleurs vous en perdrez plus que vous en sortirez. Mais pour chaque combat gagné, l'admiration et l'estime du perdant est encore plus savoureuse même pour les poissons les plus modestes.



On peut espérer toucher deux trois poissons dans la journée mais les capots sont aussi fréquents sur la Vie. Je me souviens d'une soirée en compagnie de Matthieu où en quatre heures de pêche à peine, nous réussîmes à sortir six poissons sur huit départs avec à la clef une belle commune de 11.5 kg. Mémorable!! Ce jour là d'ailleurs, je perds un poisson qui m'entraîna vers la casse avec une telle violence qu'il est impensable et indiscutable de la présence de beaux sujets sur ce bief.



Avec Matthieu, pêcher la rivière nous permet d'oxygéner notre saison de pêche. La recherche des boeufs est mise de côté et seul le plaisir des combats compte dans cette approche. La Vie n'a rien d'extraordinaire. elle est délaissée comme la plupart de ces voisines de Vendée. La redécouvrir donne une joie immense à ceux qui savent l'apprécier. J'espère vous avoir donné un soupçon d'envie de redécouvrir le joyau qui coule à proximité de chez vous.


perle de la Vie